Rapport de voyage Février 2012
Thomas Burel
Avec la volonté de renforcer notre collaboration avec le Mouvement des Sans Terre dans le sud du Brésil, je me suis rendu chez nos amis et partenaires de la COPAVI en février 2012. Dans notre démarche pour des filières d’importation équitable en dehors des systèmes de certification par tiers, il est essentiel pour nous de pouvoir nous rendre fréquemment auprès de nos fournisseurs pour aborder ensemble les points d’amélioration de la filière sur les divers plans : qualité, logistique, répartition de la valeur ajoutée, respect de l’environnement, projets sociaux annexes… et ce via notre SAF – Système d’Analyse des Filières
Mais c’est aussi beaucoup partager des moments de vie, mieux se connaître et aborder les différents enjeux politiques de nos actions.
J’ai donc pu passer plusieurs jours à la COPAVI pour mieux comprendre les freins à la relance de la production de la cachaça et porter notre proposition de pré-commande adossée à une campagne de souscription citoyenne. J’ai pu également mieux découvrir la qualité de leur sucre complet mascavo, son processus de production (voir la fin de video sur la COPAVI) et travailler dès à présent à notre projet d’importation pour l’an prochain.
Au délà de la COPAVI, notre souhait aujourd’hui est de pouvoir élargir notre partenariat avec le Mouvement des Sans Terre, prioritairement dans le même état du Parana. Après des années de lutte pour l’accès à la terre, et même si l’Agro-business et les grandes fazendas se sont encore renforcées dernièrement avec les grandes cultures d’exportation, le mouvement des Sans Terre est entré dans une deuxième phase de son existence. Avec une seconde génération de jeunes militants, ayant grandi dans les campements ou sur les terres récupérées, formée en agronomie et en gestion de projets, le MST se tourne de plus en plus vers la valorisation de ses produits par la transformation et la qualité biologique.
De nombreuses unités de transformation voient donc le jour pour les produits laitiers, le sucre, le café, le riz, le maté, les fruits … Au sein des coopératives que j’ai pu visiter, des producteurs associés m’ont chaleureusement fait découvrir leurs parcelles, leur mode de production et leurs contraintes actuelles. Malgré une forte volonté à se tourner vers la production biologique, l’absence de débouchés à un prix permettant de compenser une certaine baisse de rendement est un frein majeur à cette démarche.
A son échelle, Terra Libra envisage donc de participer à la valorisation des produits des coopératives du MST, en diversifiant son offre à l’importation. C’est une manière d’encourager à la production biologique et de poursuivre notre engagement pour une économie équitable en lien avec les mouvements sociaux et les thématiques qui nous sont chères : Terre et Liberté
Dans un Brésil toujours très constaté, avec des politiques agricoles aux deux extrêmes (soutien à la culture d’exportation et soutien à la transformation et l’agriculture paysanne), l’amélioration visible des conditions de vie des paysans autrefois sans terre montre tout le bien fondé de leur lutte pour une réforme agraire d’envergure dans ce pays.